Des débris...

J'essaie simplement de passer des coups de fil...

Il n'y a donc personne sur cette Terre ?

La vie est faite de brefs instants vécus et de longues périodes de temps perdu... Mais... Comment rattraper le temps ?

3 septembre

Il y a du mieux ces derniers jours ("Du mieux"... Je me demande que signifient vraiment ces mots ?). Il ne reste que quelques vagues d'alcool, influençant encore mon cerveau.

Le travail d'écriture reprend lentement. Reste encore à mener ce projet à son terme. Il ne peut qu'y parvenir, car il est la Couronne...

12 septembre

Je m'étonne moi-même des progrès de ces quelques jours. Plus un verre, plus un seul. Pas même hier, à la table du restaurant où je tronais, seul, en terrasse. A croire que les années saines sont de retour... Les années sans alcool qui ne m'apportèrent rien d'autres que quelques mirages (je crois que je préfère encore à ces mirages ceux des châteaux espagnols entrevus entre les vapeurs éthyliques).

Car tout n'est que source de mirages...

On naît tous différents... Puis l'on s'incarne dans les Autres...

Je demeure extrêmement faible ce jour, vidé de la substance qui m'animait... Avec cette impression étrange qu'une partie de moi est manquante, qu'elle m'a été soustraite dans des conditions obscures. Il me faut faire des efforts considérables pour me maintenir au travail et conserver un semblant de concentration.

Et puis ces oreilles qui ne veulent plus entendre, comme si tout se recroquevillait à l'intérieur, dans un monde de mutisme où l'homme est seul à seul avec lui-même, affrontant ses propres démons...

Encore quelques verres ce soir. J'ai tant à écrire par ailleurs et la plume stagne dans des mares d'alcool.

J'ignore ce qui me pousse à la création de ce nouvel espace d'expression... Sans doute les événements - anodins pour autrui - de ces deux derniers jours n'y sont pas étrangers. J'ignore la durée de cet espace, j'en ignore même le contenu... A peine créé, à peine détruit, peut-être... Peu importe...

Une sorte de reposoir au balcon virtuel du monde, après ces deux jours de perturbations. Une entrée dans la multitude. Longtemps dans ma vie je cherchais la différence. Me voilà faisant mon entrée dans la médiocrité.

- "Te souviens-tu du passé ? Des espoirs, des projets ?

- Oui, c'était tellement beau. Mais Quelque Chose a été oublié en route... Quelque Chose qui est resté sur le bord du chemin, dans un passé déjà lointain..."

On n'accède pas d'un coup à la médiocrité. On y plonge lentement, au fil des eaux, comme on descend aux Enfers. Bien souvent dans la vie, cette sensation de descente a été ressentie... Mais toujours elle fût rattrapée par un événement inattendu, un événement salvateur. Pourquoi cette descente-là paraît-elle plus lente et plus continue que les précédentes ? Pourquoi rien ne vient la stopper ? Il est possible que ce soit l'annonce d'une fin. La vie humaine s'achève la plupart du temps dans la misère et la médiocrité, après une longue, une très longue descente. J'en ai bien souvent eu la preuve autour de moi.

Journal intime, vraiment ? Autobiographie ? Je n'en suis même pas sûr. Inspiré par le vécu, sûrement.

Tous ces journaux intimes accessibles à tous ne sont que des bouteilles jetées à la mer... Et que fera-t-on lorsque la mer sera saturée de bouteilles ? Les bouteilles seront devenues la mer  : on ne les verra plus...